L'histoire est simple : c'est un plan à trois qui foire, parce que le mec (Pollione, proconsul romain) a complètement oublié de s'assurer que ses partenaires (Norma, prêtresse gauloise, et Adalgisa, novice) sont d'accord. On ajoute à ça une situation de type Roméo et Juliette, quelques considérations sur la virginité indispensable pour tenir certains rôles sociaux, des désirs de vengeance qui ne passent pas loin du massacre de ses propres enfants, et ça ne peut que mal se terminer, en barbecue ici.
Mais laissons de côté l'histoire, Wikipédia en parle (un tout petit peu) mieux que moi. Et penchons-nous sur le reste.
D'abord, les décors. Les quelques âmes en peine qui traînent encore ici savent que je n'aime rien tant qu'un style épuré et minimal. Il est vrai que la pièce ne nécessite pas grand chose, mais cela n'ôte rien au mérite du décorateur. Une petite dizaine de tentures verticales, genre kakemono, blanches avec quelques traits noirs, et nous avons la forêt. Une estrade légèrement surélevée au milieu, et nous avons tour à tour une clairière (ou assimilé), un temple, une pièce d'habitation. Nous étions dans une ambiance qui n'est pas sans rappeler les ombres de Rembrandt. Peut-être parce que tout, sauf les tentures, était noir. Je ne sais trop, mais cela allait très bien avec le drame que l'on écoutait se dérouler.
Et puisque je parle d'écouter...
Dans le rôle de Norma, Marina Rebeka. Qui a eu droit a de très vifs applaudissements après le « Casta Diva »[1], ainsi qu'après l'appel à la guerre et au massacre[2]. Et à une ovation debout de bien 15 minutes (avec toute la troupe, mais c'était surtout pour elle) à la fin de la représentation. Totalement mérité. J'en avais mal aux mains d'applaudir.
Adalgisa, chantée par Karine Deshayes, n'a pas du tout démérité non plus, et a eu droit à ses applaudissements bien à elle. S'il est vrai que les interprètes d'Adalgisa deviennent par la suite interprètes de Norma, je suis curieux d'entendre ce que cela donnera.
Enfin, Pollione, chanté par Martin Muehle. Un rôle moins présent que les deux précédentes, mais bien tenu. Il m'a semblé plus plat que les rôles féminins mais, la voix masculine ne se prêtant que peu aux grandes variations rapides, le contraste avec les partitions de Norma et Adalgisa est un peu injuste.
Je ne peux pas oublier les choeurs, pour lesquels j'ai toujours une affection particulière. Rien à redire sur leur prestation, toute de puissance maîtrisée.