Non, je ne vais pas parler des poussées d'acnée de l'Héritier, qui pour le moment n'a pas de problème de ce côté.

Je vais parler des boutons, les vrais, ceux qui vous pourrissent la vie alors que tout semblait idyllique et merveilleux. Oui, eux. Les boutons de pantalon ou de chemise qui se barrent au pire moment, décidant une fois pour toutes que l'herbe est plus verte ailleurs et vous laissant, fort marri, à vous interroger sur le sens de la vie (42, au cas où vous ne le sachiez pas).

Cet été, parmi plein de choses, je me suis rendu au baptème d'une nièce. Qui dit baptème suppose, parce qu'on est des gens bien élevés, être habillé correctement. Donc, une heure avant la cérémonie, je sors de la valise le pantalon-qui-fait-bien, la-chemise-et-les-chaussettes-qui-vont-avec et la-veste-qui-parfait-le-tout. Et, guilleret, je m'habille. Pour constater que, matois, le bouton de ceinture (et sur ce pantalon il n'y en a qu'un seul), le bouton de ceinture disais-je n'est plus. Il ne demeure que quelques filoches éparses laissant accroire qu'il y eut, dans un temps indéterminé mais clairement révolu, un bouton.

Je suis capable d'assumer certaines situations embarrassantes, mais perdre mon futale dans une église n'en fait pas partie. Pas question de courrir le risque. Il me fallait trouver un bouton (assorti, bien sûr, au pantalon), du fil et une aiguille (au cas où vous vous posiez la question, non, pas besoin de couturière; je sais recoudre un bouton, comme je sais faire un ourlet - certes, pas terrible l'ourlet, c'est uniquement pour les cas d'urgence mais ça arrive; par contre, les boutons que je recous ne bougent plus, c'est le tissu qui partira avant eux; fin de la parenthèse). Bref donc, me voilà en chasse. Belle-soeur me sort quelques trucs d'un tiroir de chez son père, mais les boutons ne vont pas du tout. Qu'à celà ne tienne, elle m'envoie chez sa grand-mère (l'arrière-grand-mère de la future baptisée), qui me sort sa collection de boutons, réunie patiemment durant les six dernières décennies ou quelque chose comme ça. Fouille et farfouille, compare et évalue l'assort avec le pantalon... mouais, celui-ci devrait être bien. Je retourne dans ma chambrette, armé aussi de fil et d'une aiguille, et j'officie. Au bout de quelques minutes, il est évident que le bouton ne bougera plus d'ici la fin du prochain millénaire, je passe donc le pantalon et...

Merdum. Le bouton est trop gros pour passer dans la boutonnière. Si, vraiment trop gros, même en forçant comme une brute. Genre trois ou quatre millimètres. Toute honte bue, je retourne chez la grand-mère lui demander une paire de ciseaux et un nouvel accès à sa boîte-à-boutons. Et cette fois-ci, je vérifie que l'heureux élu entre bien comme il faut dans la boutonnière (et si, lisant cela, des images graveleuses surgissent à votre esprit, je ne suis responsable de rien, c'est de votre faute) avant de retourner à ma chambrette pour aiguiller et tout ça. Nickel, ça tient, ça boutonne, je suis heu-reux.

Jusqu'au moment où, prenant ma veste, je constate qu'elle n'a plus qu'un seul bouton sur les quatre qu'elle arbore normalement. Mais une veste, je ne risque pas d'être ridicule si elle s'ouvre malencontreusement, donc je laisse comme ça.