Pour diverses raisons, la principale étant des horaires incompatibles avec mon agenda, mon dernier trip parisien s'est fait par train de nuit et non pas par avion. Le train de nuit, c'est super. Ca vous rappelle votre jeunesse, les camps de vacances, les nuits à la belle étoile, les monos qui ronflent, les pieds qui puent, tout ça. En un mot comme en cent, je n'aime pas et j'y suis bien incapable de dormir, tout au plus j'y somnole. Mais, quoi qu'il puisse y paraître, c'est un paramètre identifié de ce mode de déplacement et il n'y a pas de surprise.

Mes amis de la SNCF ont cependant choisi d'innover cette fois-ci. Car je ne vois pas qui d'autre pourrait avoir imaginé un tel piège. Pour en comprendre toute la saveur, il faut savoir que, si je partais d'un terminus (Paris), je ne m'arrétais pas à l'autre bout du chemin mais "en route". Descendre d'un train quand il est au terminus, c'est facile, on a tout le temps qu'il faut. Quand ce n'est qu'une gare de passage, on a pratiquement toute l'étendue de 90 secondes pour agir. Mine de rien, 90 secondes, c'est pas des masses.

Donc, vers 6:00, le gentil contrôleur, avec sa gentille poinçonneuse, tape à la porte du compartiment car, organisé qu'il est, il sait qu'il y a dans ce compartiment quelqu'un qui descend à la prochaine. "On arrive à ... dans 15 minutes". Je m'éveille, je m'ébroue, je me vêts. Nickel, le train décélère, on y est presque alors que j'émerge du cirage. J'ouvre la porte et... la porte ne s'ouvre pas. Je vérifie tout de même que les deux verrous sont bien enlevés, je rééssaye... rien. Pas un mouvement.

La porte est bloquée à mort, en position fermée (sinon ça ne serait pas drôle). Et les secondes s'égrennent une à une. Le train s'est arrété, donc il ne me reste que hmmmm même pas tant que ça avant qu'on ne reparte pour une autre destination. Inutile de tirer l'alarme, ça le ferait pas vraiment (quoi que). Ce qu'il faut, c'est tirer la porte, merdalor. Et ce n'est guère le moment de finasser, pas le temps pour ça.

Au diable la dentelle. Han... rien. Re-han... rien de rien. Re-re han... haha elle a bougé, si, y'a un petit centimètre de jour qui apparaît. C'est le plus intelligent qui cède le premier, la bataille est décidée d'avance, elle me fait juste un p'tit baroud d'honneur. Au cinquière HAN digne d'un bûcheron vosgien (ce que je ne suis pas vraiment), la victoire m'ouvre ses bras, ainsi que la porte, dans un claquement sec qui n'est à mon avis pas loin de ressembler à celui du couperet de la guillotine cheyant. J'empoigne mes affaires, je cavale vers la porte du wagon, je descend sur le quai... pour entendre le sifflet de départ. Il était temps.

Je reconnais que la chute eut été encore plus drôle (et tontonnesque, dois-je l'avouer) si je ne m'étais pas retrouvé dans la bonne gare, mais ce ne fut pas le cas. Désolé.